L’enquête sur la mort en détention d’Ahmed Abdou, le jeune militaire accusé d’avoir blessé le président comorien Azali Assoumani, a été déclarée close par le Parquet de Moroni. Cette annonce, faite mercredi, suscite une vive indignation au sein de l’opposition et parmi les défenseurs des droits humains, qui dénoncent un « déni de justice ».
Arrêté le 13 septembre après avoir « légèrement blessé » le chef de l’État près de Moroni, Ahmed Abdou a été placé à l’isolement. Sa dépouille a été retrouvée le lendemain matin. Selon le communiqué du Parquet, les enquêteurs ont trouvé le jeune homme « allongé » et « sans vie », et un médecin militaire a estimé l’heure du décès à 2h00 du matin. Il a été précisé qu’aucune blessure par arme à feu, contondante ou tranchante n’a été constatée, ce qui a conduit le Parquet à conclure qu’il n’y avait pas de raison de poursuivre l’enquête.
Le procureur de Moroni, Ali Mohamed Djounaid, a indiqué que le corps d’Ahmed Abdou avait été remis à sa famille sans qu’une autopsie soit pratiquée, conformément aux rites musulmans. Cela a été critiqué par des avocats et des militants des droits de l’Homme, notamment Me Gérard Youssouf, qui a dénoncé l’absence d’une enquête impartiale. Il a accusé le procureur de « forfaiture » et de « déni de justice », en soulignant que ni les agents ayant procédé à l’arrestation, ni les services de détention n’ont été interrogés.
L’opposition, représentée par deux partis, Orange et Ushe, a également exprimé ses inquiétudes. Daoudou Abdallah Mohamed, leader d’Orange et ancien ministre de l’Intérieur, a déclaré que le Parquet ne répondait pas aux nombreuses questions concernant les circonstances de la mort d’Abdou. Ushe a critiqué les « procédures légales et médicales non respectées », déplorant une affaire traitée avec « légèreté », sans enquête sérieuse.
Azali Assoumani, ancien chef d’état-major de l’armée, a accédé au pouvoir par un coup d’État en 1999. Depuis, il a été élu plusieurs fois, avec son dernier mandat débuté en janvier dernier. Son régime fait face à des accusations d’autoritarisme croissant, aggravées par des manifestations meurtrières ayant suivi l’élection de janvier.