Les relations historiquement tendues entre Israël et les Nations unies ont atteint leur point le plus bas depuis le début des hostilités le 7 octobre. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a intensifié ses critiques envers l’organisation, allant jusqu’à l’accuser d’antisémitisme lors d’une intervention devant l’Assemblée générale de l’ONU.
« Jusqu’à ce que l’État d’Israël soit traité comme toutes les autres nations, jusqu’à ce que cet antisémitisme latent soit éradiqué, l’ONU restera aux yeux des justes une farce méprisable », a déclaré Netanyahu, dénonçant la réactivité de l’ONU dans le conflit israélo-palestinien. Les accusations de génocide formulées contre Israël dans le cadre de sa guerre contre le Hamas à Gaza ont exacerbé les tensions, Israël accusant l’organisation d’être partiale, voire complice du terrorisme, visant particulièrement son secrétaire général, Antonio Guterres.
La situation s’est encore détériorée avec l’escalade militaire contre le Hezbollah au Liban. Selon Cyrus Schayegh, professeur d’histoire internationale, les relations entre Israël et l’ONU « se sont grandement détériorées », passant de « mauvaises à franchement mauvaises ».
Accusations mutuelles et tensions persistantes
Depuis les attaques du Hamas, les agences onusiennes et les tribunaux internationaux ont critiqué la réponse israélienne à Gaza, notamment pour l’ampleur des pertes civiles. Le bilan est lourd : plus de 41 500 morts à Gaza, selon les autorités locales, tandis que du côté israélien, 1 205 personnes ont perdu la vie, principalement des civils.
L’UNRWA, l’agence de l’ONU en charge des réfugiés palestiniens, a particulièrement été visée par Israël, qui l’accuse d’avoir des employés impliqués dans les attaques contre Israël. Leurs infrastructures à Gaza ont été détruites, et plus de 220 employés ont trouvé la mort.
Les critiques israéliennes se sont intensifiées après que Guterres a rappelé que les violences « ne se sont pas produites dans le vide », soulignant l’occupation israélienne des territoires palestiniens depuis plus de 50 ans. Israël, quant à lui, dénonce la « partialité » de l’ONU, mettant en avant le nombre élevé de résolutions la visant au Conseil des droits de l’homme, plus d’un tiers de celles émises depuis 2006.
Le rôle controversé de l’ONU dans le conflit
Depuis la création d’Israël en 1948, le pays a ignoré plusieurs résolutions de l’ONU, notamment celles concernant le droit au retour des réfugiés palestiniens et l’occupation des territoires conquis en 1967. Cette impunité, déplore Riccardo Bocco, professeur de sociologie politique à Genève, a donné l’impression qu’Israël « est au-dessus du droit international ».
Les critiques, au sein même de l’ONU, pointent également un manque de conséquences tangibles pour les violations répétées, ce qui alimente une spirale d’impunité. Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, avertit que cette situation « rend les parties au conflit plus impudentes ».
Un avenir incertain pour l’ONU dans le conflit israélo-palestinien
Alors que les tensions continuent de croître, la crédibilité de l’ONU est remise en question. Francesca Albanese, experte indépendante nommée par le Conseil des droits de l’homme, a récemment soulevé la question de la pertinence de la présence d’Israël au sein de l’organisation, étant donné son mépris apparent pour les résolutions onusiennes. Israël a réagi vivement, accusant Albanese d’antisémitisme.
Face à cette escalade verbale, certains experts craignent des conséquences graves pour l’ONU. Pedro Arrojo-Agudo, spécialiste du droit à l’eau potable, a ainsi averti : « Si nous ne réagissons pas, nous risquons de faire exploser l’ONU. »