Lors de son déplacement à Kisangani mercredi soir, le président de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a abordé le projet de modification de la Constitution, soutenu par son parti, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS). Le président a qualifié le texte actuel de « dépassé » et a annoncé l’ouverture de travaux pour une révision dès l’année prochaine. Cette initiative suscite de vives réactions au sein de l’opposition et de la société civile, qui l’accusent de chercher à prolonger son mandat.
Tina Salama, porte-parole de Tshisekedi, a précisé que le président signera une ordonnance pour définir les missions et la composition de la commission chargée d’étudier cette révision, qui devrait se pencher sur le projet en 2025. La question de la limitation des mandats présidentiels reste au cœur des préoccupations, alors que l’opposition met en garde contre une éventuelle dérive autoritaire.
Prince Epenge, porte-parole de la plateforme d’opposition Lamuka, a exprimé des inquiétudes, soulignant que malgré les crises qui touchent le pays, le président privilégie la réforme constitutionnelle plutôt que des solutions aux problèmes urgents. Il rappelle que le peuple avait déjà rejeté une modification de la Constitution sous Joseph Kabila et pourrait bien faire de même avec Félix Tshisekedi.
De son côté, Mgr Donatien Nshole, secrétaire général de la Conférence nationale épiscopale du Congo (Cenco), a fait part de ses réserves. Bien qu’il estime que le projet en est encore à ses débuts, il rappelle que lors d’une rencontre avec le président en juin, les évêques avaient conseillé la prudence. Tshisekedi aurait reconnu que ce n’était pas une question pressante, affirmant qu’il n’a pas l’intention de s’éterniser au pouvoir.
L’article 220 de la Constitution actuelle limite les mandats présidentiels à deux de cinq ans, et sa modification nécessiterait un changement constitutionnel. Pour l’instant, la présidence attend les conclusions de la commission avant de se prononcer.
Concernant la question d’un référendum sur la limitation des mandats, Tshisekedi a laissé entendre que cela dépendrait de la volonté du peuple, une option que Tina Salama a confirmée. Toutefois, rien n’est encore arrêté et le projet demeure ouvert à de nombreuses interprétations.
Les soutiens du chef de l’État voient cette révision comme une nécessité, affirmant que la Constitution actuelle ne garantit pas la souveraineté du pays. Selon le député Eteni Longondo, il est essentiel de rédiger un texte qui reflète la force et l’indépendance du Congo, soulignant que le peuple aura le dernier mot sur toute éventuelle extension des mandats.