À partir de dimanche soir, les bateaux battant pavillon européen cesseront de pêcher dans les eaux sénégalaises, en raison de l’absence de renouvellement pour le moment de l’accord de pêche entre l’Union européenne et le Sénégal. L’annonce a été faite mardi par l’ambassadeur de l’Union européenne à Dakar, Jean-Marc Pisani. L’accord, qui est en vigueur depuis 2019, arrive à expiration dimanche à minuit (lundi 00h00 GMT) et ne sera pas reconduit, principalement en raison des « défaillances » constatées dans la lutte contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN).
Jean-Marc Pisani a expliqué que la Commission européenne avait notifié le 27 mai dernier au Sénégal ses préoccupations concernant ces pratiques, ce qui a conduit à la décision de ne pas renouveler l’accord. « Les bateaux européens cesseront de pêcher dans la zone économique exclusive du Sénégal à partir du 17 novembre à minuit », a déclaré l’ambassadeur, précisant que les armateurs européens auront toutefois la possibilité de continuer leurs activités de pêche dans les eaux d’autres pays voisins avec lesquels l’Union européenne a conclu des accords, tels que la Gambie, la Guinée-Bissau, la Mauritanie ou le Cap-Vert.
L’ambassadeur a souligné qu’il serait « incohérent » pour l’Union européenne, qui adopte une politique de « tolérance zéro » envers la pêche INN, de renouveler un accord avec un pays ayant été notifié de telles défaillances. La suspension de la pêche dans les eaux sénégalaises concernera notamment 18 bateaux européens, principalement espagnols et français, spécialisés dans la pêche du thon tropical et du merlu. Toutefois, ces navires ne représentent pas une concurrence directe pour les pêcheurs locaux, selon l’ambassadeur.
La pêche est un secteur essentiel pour le Sénégal, tant sur le plan économique que culturel. Elle emploie directement ou indirectement près de 600.000 personnes dans un pays de 18 millions d’habitants. Environ 50.000 pêcheurs sénégalais travaillent principalement sur des pirogues traditionnelles, et beaucoup dénoncent la concurrence des grandes unités de pêche contrôlées par des intérêts étrangers. Ces derniers sont souvent accusés de contribuer à la raréfaction des ressources halieutiques, mettant ainsi en péril l’économie de la pêche artisanale locale.