Le tribunal chargé de juger douze anciens responsables militaires et gouvernementaux pour les massacres du 28 septembre 2009 en Guinée – où au moins 156 personnes ont été tuées et 109 femmes violées – a mis son jugement en délibéré ce 26 juin 2024, avec une décision attendue pour le 31 juillet prochain. Cette étape marque une phase cruciale dans ce procès historique, entamé le 28 septembre 2022.
Les plaidoiries du procès des massacres du 28 septembre 2009 en Guinée se sont achevées ce 26 juin 2024 devant le tribunal criminel de Conakry. Ce sont les avocats de la défense qui ont eu les dernières interventions dans ce procès de grande envergure où une dizaine d’officiers sont jugés pour leur implication présumée dans la mort d’au moins 156 personnes, tuées par balle, au couteau, à la machette ou à la baïonnette.
Lors de la répression d’un rassemblement de l’opposition dans un stade de Conakry et ses environs, des centaines de personnes avaient également été blessées, selon un rapport de la commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU. Au moins 109 femmes avaient été violées.
Les avocats du capitaine Moussa Dadis Camara, président de la junte (2008-2010) au moment du massacre, et du commandant Aboubacar Sidiki Diakité, alias Toumba – ancien aide de camp de Dadis Camara –, deux des accusés les plus notoires, ont eu le dernier mot.
Quel enseignement tirer de ces 18 mois de procès ? Maître Jean-Baptiste Jocamey Haba, avocat de Dadis Camara, met en lumière deux points essentiels : « D’abord, la capacité des autorités judiciaires à organiser et mener un tel procès. Ensuite, le fait qu’aucune personne, quelle que soit sa position dans la sphère étatique, ne peut désormais échapper à des poursuites ou à un jugement. »
Selon Maître Jocamey Haba, ce procès est un exemple éclatant de la fin de l’impunité en Guinée : « Le président Moussa Dadis Camara en est la preuve. Les autorités actuelles et futures doivent comprendre qu’elles ne seront jamais à l’abri et qu’elles doivent agir pour le bien de la population et dans le respect strict de nos lois. »
Maître Lancinet Sylla, avocat de Toumba Diakité, partage cette perspective : « Ce procès montre que la chaîne de l’impunité, qui a caractérisé les crimes depuis notre indépendance, est rompue. Désormais, nul n’est au-dessus de la loi, et la justice finira toujours par rattraper les coupables, peu importe le temps. »
Les avocats de Dadis Camara et de Toumba Diakité ont demandé l’acquittement de leurs clients, qu’ils considèrent innocents. Le jugement a été mis en délibéré pour le 31 juillet prochain.
Pour rappel, fin mai, le procureur avait requis la réclusion criminelle à perpétuité contre Moussa Dadis Camara et six autres accusés, ainsi que la requalification des faits en crimes contre l’humanité.