L’« Affaire des 94 milliards », une polémique politico-judiciaire majeure au Sénégal, a été transférée au Pool judiciaire financier (PJF). L’information a été confirmée par Me Khoureychi Bâ, avocat d’Ousmane Sonko, qui est à la fois accusateur et accusé dans ce dossier complexe. Dans une interview accordée au journal L’Observateur, Me Bâ a annoncé que plusieurs personnes, y compris les plaignants et les mis en cause, seront bientôt convoquées pour être entendues.
« Le dossier est désormais au PJF, et attendez-vous à ce que des convocations soient émises. Tous les protagonistes, sans exception, seront entendus », a affirmé l’avocat. Cela pourrait inclure aussi bien les plaignants que ceux accusés de malversations dans cette affaire de grande envergure.
Silence du camp de Mamour Diallo
Du côté de Mamour Diallo, principal accusé, aucune confirmation de cette évolution n’a été faite. Son avocat, Me El Hadji Diouf, a déclaré n’avoir reçu aucune notification de la transmission du dossier au Pool judiciaire financier. « Je ne suis pas informé de cette évolution et Mamour Diallo ne m’a pas encore contacté à ce sujet », a-t-il précisé, restant dans l’attente d’éventuelles nouvelles instructions.
Une procédure relancée sous une nouvelle juridiction
Me Khoureychi Bâ a insisté sur le fait que cette procédure représente une « vraie » relance de l’affaire. Il a rappelé que lors de la première tentative, les plaintes déposées n’avaient pas abouti. « Cette fois, une nouvelle institution judiciaire, créée sous l’ancien régime pour juger les personnalités politiques, va traiter l’affaire », a expliqué l’avocat. Les personnes déjà blanchies par l’Assemblée nationale, dont Mamour Diallo, seront ainsi à nouveau auditionnées.
Contexte de l’affaire
L’affaire des 94 milliards est née d’une controverse autour de la gestion de près de 255 hectares de terres appartenant aux héritiers de Djily Mbaye. Ousmane Sonko, leader du parti d’opposition Pastef, avait accusé Mamour Diallo, ancien directeur des Domaines sous Macky Sall, de détournement de fonds publics et d’escroquerie, déposant une plainte contre lui et d’autres personnes pour plusieurs délits, dont faux en écriture et concussion.
Malgré ces accusations, la justice avait classé le dossier sans suite, le Doyen des juges estimant qu’Ousmane Sonko ne pouvait prouver un préjudice personnel. En parallèle, une commission d’enquête parlementaire avait blanchi Mamour Diallo, affirmant qu’il n’y avait pas de preuves suffisantes pour le mettre en cause.
Une bataille judiciaire et politique
La relance de cette affaire par le Pool judiciaire financier pourrait marquer un nouveau tournant. En réaction aux accusations de Sonko, Mamour Diallo avait porté plainte pour diffamation et injures publiques, souhaitant défendre son honneur après les attaques publiques du leader de Pastef.
Alors que cette affaire, qui mêle politique et justice, évolue à nouveau, le Pool judiciaire pourrait être l’arène où se dénouera cette bataille qui semble encore loin d’avoir livré tous ses secrets.