Les coups d’État soulèvent la question d’un environnement hostile, voire préjudiciable, ayant des répercussions sur des populations innocentes.
La semaine dernière, lors d’une intervention à Chatham House à Londres, Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement, a partagé une anecdote sur la réaction circonspecte du président kényan William Ruto. Ce dernier a découvert que les taux d’emprunt du Kenya sur les marchés internationaux avaient subi une hausse notable. La raison ? Les agences de notation avaient intégré l’impact du récent coup d’État survenu au Niger dans leurs évaluations.
Ce phénomène illustre parfois une simplification excessive ou une paresse intellectuelle chez les agences de notation, qui tendent à regrouper tout le continent africain sous une seule évaluation. William Ruto a ironisé en faisant remarquer qu’il n’avait vu aucune trace du Niger la dernière fois qu’il avait regardé une carte du Kenya.
Les conséquences économiques de cette approche simplifiée sont significatives. Selon Akinwumi Adesina, citant le Programme des Nations unies pour le développement, des notations de crédit plus justes pourraient permettre aux pays africains d’économiser jusqu’à 75 milliards de dollars par an sur le service de la dette. Il a souligné l’anomalie que représente l’impact présumé du coup d’État au Niger comme exemple d’évaluation injuste, soutenant ainsi la proposition de créer une agence de notation africaine, offrant une alternative à une évaluation extérieure.
Ce débat soulève des questions sur l’image de l’Afrique à l’échelle mondiale et sur la responsabilité des acteurs africains dans la gestion de leurs propres affaires. Il est crucial pour l’Afrique de présenter une image plus nuancée et précise d’elle-même pour attirer les investissements et améliorer sa crédibilité internationale. La création d’une agence de notation africaine pourrait jouer un rôle clé dans cette démarche, en permettant à l’Afrique de se juger selon ses propres critères et non selon ceux imposés par d’autres.
En fin de compte, la question posée par les coups d’État est celle d’un environnement peu attrayant pour les investisseurs, nécessitant non seulement des réformes politiques mais aussi une responsabilité accrue pour promouvoir la stabilité et l’attractivité économique du continent.