Les rapports récemment publiés par l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) ainsi que par la Cour des comptes n’inspirent pas de craintes de représailles politiques selon le médiateur de la République du Sénégal. Lors de son intervention dans l’émission « Point de vue » diffusée le dimanche 26 mai sur la Radiotélédiffusion sénégalaise (RTS), Demba Kandji a souligné l’importance d’aborder ces rapports avec calme et sérénité. Il affirme que « si tout fonctionne bien, il n’y aura pas de règlements de comptes politiques ». Selon lui, il est essentiel que chaque acteur judiciaire reste dans son rôle, avec les juges et le parquet agissant de manière indépendante. Il insiste sur la nécessité pour les juges de travailler dans un environnement serein afin d’examiner de manière objective toute demande de détention.
Selon le juge, il est nécessaire de trouver d’autres alternatives à la détention pour les personnalités publiques mentionnées dans ces rapports. « Ce n’est pas parce qu’on vous accuse simplement d’avoir omis de déclarer 20 ou 30 millions dans votre comptabilité qu’il faut vous priver de liberté. Il existe peut-être d’autres solutions comme la garantie de représentation ou la possibilité de fournir une caution », soutient M. Kandji.
Par ailleurs, l’ancien président de la Cour d’appel de Dakar, connu pour avoir statué sur le cas de Khalifa Sall et de ses coaccusés dans l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar en août 2018, estime que la justice ne peut être rendue par la rue. « Si la rue réclame l’incarcération des personnes plus ou moins accusées, cela poserait problème. La détention ne peut pas être une demande sociale. C’est préjudiciable et contre-productif. Cela préjuge de la culpabilité et invalide la nécessité de recourir à un tribunal si la détention devient une demande sociale. Il serait alors plus judicieux de construire des prisons privées », explique-t-il.
Le magistrat appelle également les citoyens à avoir confiance en la justice sénégalaise. « Faisons preuve de confiance mutuelle et cherchons à améliorer les choses. Il est inutile de discréditer les institutions que nous avons. À mon avis, l’idéal est de leur fournir les moyens nécessaires pour fonctionner efficacement et accomplir leurs missions de manière adéquate », déclare Demba Kandji lors de son entretien avec le journaliste Oumar Gning.