Durant de nombreuses années, Kamala Harris a gardé le silence sur l’arme à feu qu’elle possède chez elle. Toutefois, depuis le début de sa campagne présidentielle, elle n’hésite pas à en parler. La semaine dernière, sur le plateau d’Oprah Winfrey, elle a réaffirmé : « Je suis propriétaire d’une arme ».
Bien qu’elle n’ait pas précisé le type ou le modèle de l’arme, il est connu qu’elle la conserve dans un endroit sûr à son domicile en Californie. Avec un brin d’humour, Harris a même déclaré : « Si quelqu’un force l’entrée de mon domicile, il se fera tirer dessus », provoquant une réaction surprise chez Oprah.
Dans un pays en proie à des violences armées, les déclarations de la vice-présidente ont étonné de nombreux Américains, d’autant plus que le Parti démocrate est souvent perçu comme un champion de la lutte contre la violence liée aux armes. Cependant, selon des experts, Harris a soigneusement choisi ses mots dans une optique stratégique.
Une réponse à ses critiques
« Kamala Harris cherche à contrecarrer ceux qui la dépeignent comme anti-armes. Annoncer qu’elle possède une arme est un moyen efficace d’y parvenir », explique Joan Burbick, auteure de Gun Show Nation. Steffen Schmidt, professeur de sciences politiques, souligne que ses commentaires sur le fait de tirer sur un intrus visent à renforcer son image face à ceux qui la considèrent comme faible sur la criminalité.
En 2019, elle avait déjà indiqué que sa possession d’une arme était motivée par sa sécurité personnelle, et quatre ans plus tôt, elle se qualifiait de « bonne tireuse ». Dans un climat où critiquer la prolifération des armes peut avoir des conséquences électorales, elle a choisi comme colistier Tim Walz, un ancien soldat et chasseur aguerri.
Un équilibre délicat
Environ un tiers des adultes américains possèdent une arme à feu. Donald Trump, par exemple, serait propriétaire de trois pistolets et est soutenu par la National Rifle Association, le principal lobby des armes aux États-Unis. Trump accuse Harris de vouloir « saisir » les armes des citoyens, ce qu’elle réfute, se limitant à appeler à des vérifications plus strictes des antécédents des acquéreurs.
Harris soutient également une interdiction des fusils d’assaut semi-automatiques, mais elle a abandonné l’idée d’un rachat obligatoire de ces armes. Cette approche équilibrée est cruciale, car la question des armes arrive en septième position des préoccupations des électeurs pour l’élection présidentielle de novembre, selon une enquête du Pew Research Center.
Les électeurs en faveur du port d’arme penchent majoritairement du côté républicain, tandis que ceux qui prônent un renforcement législatif s’alignent sur les démocrates. Gregg Carter, professeur émérite, rappelle que ces tendances ne sont pas absolues, et que dans un contexte électoral serré, chaque candidat doit saisir toutes les opportunités de rallier des voix.