Le président kényan William Ruto a pris une décision stratégique mercredi en intégrant quatre figures de l’opposition à son « gouvernement élargi ». Cette initiative vise à calmer les tensions qui secouent le pays depuis plus d’un mois et qui ont été marquées par des manifestations meurtrières.
Les nouvelles nominations incluent John Mbadi au ministère des Finances, James Opiyo Wandayi à l’Energie et au Pétrole, Hassan Ali Joho au ministère des Mines et de l’Economie de la mer, et Wycliffe Oparanya au ministère pour le Développement des coopératives et des PME. Tous sont membres du parti de l’opposant historique Raila Odinga, le Mouvement démocratique orange (ODM).
Ces annonces interviennent après que Ruto ait limogé son gouvernement à l’exception du ministre des Affaires étrangères Musalia Mudavadi le 11 juillet, en réponse aux protestations contre le projet de budget 2024-25 qui incluait de nouvelles taxes, finalement retiré.
La mobilisation initiée par la jeunesse, surnommée « génération Z », a atteint son paroxysme le 25 juin lorsque des manifestants ont pris d’assaut le Parlement, provoquant une réaction policière violente ayant entraîné la mort d’au moins 50 personnes selon l’agence nationale de protection des droits humains (KNCHR).
La nomination des proches d’Odinga au gouvernement a toutefois fissuré la coalition d’opposition Azimio, certaines figures comme Musyoka Kalonzo ayant déjà décliné leur participation. Une autre figure d’Azimio, Martha Karua, a exprimé son soutien avec prudence en déclarant « la lutte continue ».
Ruto a salué les nominations comme un acte de patriotisme et un exemple de collaboration pour transformer le Kenya, malgré la poursuite des manifestations réclamant sa démission.
Le retrait du projet de budget a été suivi par l’annonce d’une augmentation des emprunts d’environ 169 milliards de shillings (1,2 milliard d’euros), et d’une réduction des dépenses de 177 milliards de shillings (1,3 milliard d’euros). La dette publique du Kenya, estimée à environ 10.000 milliards de shillings (71 milliards d’euros), représente environ 70% du PIB du pays.
Alors que le pays continue de faire face à des défis économiques et politiques, la composition du nouveau gouvernement de Ruto représente un effort significatif pour apaiser les tensions et rétablir la stabilité politique.