Malgré les efforts continus de l’État, les hépatites restent un problème majeur de santé publique au Sénégal, avec plus d’un million de Sénégalais estimés comme porteurs des virus. À l’occasion de la Journée mondiale contre l’hépatite, célébrée sous le thème « Hépatites, ne pas ignorer, agir maintenant », les acteurs de la santé ont attiré l’attention sur la persistance de cette maladie dans le pays et en Afrique.
En 2023, les dernières études indiquent que plus d’un million de Sénégalais sont chroniquement infectés par l’hépatite B (VHB) et environ 360 000 par l’hépatite C (VHC), selon le ministre de la Santé et de l’Action sociale. À l’échelle continentale, 81 millions de personnes sont infectées de manière chronique. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) révèle que seulement une personne sur 20 est consciente de sa condition et une sur 100 reçoit un traitement. Ibrahima Sy souligne que peu de malades connaissent leur statut et que les soins restent insuffisants, malgré les efforts nationaux.
Le Sénégal a toutefois accompli des avancées significatives dans la lutte contre les hépatites. Depuis les années 80, le pays s’est mobilisé pour combattre cette maladie avec des initiatives importantes, telles que la contribution au développement du vaccin contre l’hépatite B et des recherches sur la relation hépatite-cirrhose-cancer du foie. Le Programme national de lutte contre les hépatites, qui célèbre cette année son 25e anniversaire, témoigne de cet engagement. Le gouvernement a mis en place une vaccination universelle des nouveau-nés et des nourrissons depuis 1999, avec des taux de couverture supérieurs à 90%. De plus, des programmes de dépistage pour les donneurs de sang porteurs des marqueurs de l’hépatite B et C ont été établis, et l’État subventionne la prise en charge des malades.
Pr Aminata Sall Diallo, coordonnatrice du Programme national de lutte contre les hépatites, rappelle les contributions majeures du Sénégal dans ce domaine. Le pays a été pionnier dans la découverte de la filiation hépatite-cirrhose et a mené des essais vaccins contre l’hépatite B. Elle souligne que le Sénégal est l’un des premiers à dépister les donneurs de sang pour les hépatites B et C.
Pour accélérer la lutte contre les hépatites, le ministre de la Santé a annoncé un Plan décennal lancé en 2019, aligné sur les objectifs mondiaux d’élimination des hépatites. Ce plan vise à renforcer la prévention, optimiser la prise en charge des patients, et corriger les inégalités dans l’accès aux soins. Les objectifs incluent la prévention de 8 500 à 16 000 décès dus à l’hépatite B et la réduction des nouvelles infections de 66% d’ici 2050. Pour l’hépatite C, le plan prévoit de sauver entre 20 000 et 35 000 vies et de diminuer l’incidence de 31 à 47% d’ici 2050.
Ces efforts visent à interrompre la chaîne de transmission des virus et à améliorer la prise en charge des malades, marquant une étape significative dans la lutte contre les hépatites au Sénégal et en Afrique.