À l’approche des élections américaines du 5 novembre, la question migratoire s’est imposée comme un thème central, aussi bien pour la présidentielle que pour plusieurs référendums locaux sur le sujet. Si Donald Trump se distingue par la radicalité de ses propositions, allant jusqu’à envisager la plus grande opération d’expulsion de l’histoire du pays, y compris par la mobilisation de l’armée, Kamala Harris, la vice-présidente et candidate démocrate, prône également une politique ferme en matière d’immigration.
Dans ce contexte tendu, la communauté immigrée africaine, qui représente une part significative de la population étrangère aux États-Unis, suit de près l’évolution des positions des candidats. Comment ces derniers abordent-ils la question migratoire, et quelles en sont les répercussions sur les Africains installés aux États-Unis ? Un sondage Gallup révèle qu’une majorité d’Américains – soit six sur dix – souhaite une réduction de l’immigration, un phénomène inédit depuis vingt ans.
Un durcissement des politiques migratoires en vue
David Monda, chercheur en sciences politiques à l’Université de New York, estime que les politiques migratoires devraient se durcir après l’élection, particulièrement si Donald Trump remporte la présidentielle. Selon lui, quel que soit le gagnant, « le climat global aux États-Unis est très hostile aux immigrés », ce qui laisse présager une intensification des restrictions à l’égard des populations migrantes, et notamment des Africains.
Kamala Harris : fermeté et continuité
Bien que Kamala Harris se positionne sur un registre plus modéré que Trump, elle n’en reste pas moins ferme sur la question de l’immigration. En tant que vice-présidente, elle a défendu une politique de contrôle strict des frontières, et l’administration Biden a mis en place des quotas tout en évoquant la possibilité de fermer la frontière sud si les passages clandestins atteignent un certain seuil. Pour de nombreux immigrés, la ligne politique de Kamala Harris ne diffère guère de celle de son prédécesseur, Joe Biden. « Même sous Biden, la gestion des flux migratoires est restée très restrictive », déclare Monda.
Les effets des propos racistes de Donald Trump
Le discours de Donald Trump va cependant au-delà de la question purement migratoire et prend une tournure de plus en plus raciale. Trump est souvent accusé de tenir des propos racistes, ce qui alimente les craintes, même parmi les immigrés africains naturalisés. Kefa M. Otiso, professeur de géographie et spécialiste des migrations internationales à la Bowling Green State University, souligne l’impact de la « racialisation » du débat migratoire sous l’ère Trump. « Ses remarques dégradantes, notamment à l’égard des personnes d’origine asiatique et des populations noires, créent un climat d’inquiétude », explique-t-il. Même les immigrés ayant acquis la citoyenneté ne se sentent pas à l’abri. « Quand on entend de telles attaques, même avec la citoyenneté, on peut se sentir ciblé en tant que personne noire », ajoute-t-il.
Les propos de Trump sur les migrants haïtiens, qu’il a accusés de « manger les animaux de compagnie », ou sur les Mexicains, qualifiés de « violeurs et trafiquants de drogue », sont des exemples marquants de ce climat tendu. Pour beaucoup, ces discours laissent planer une incertitude sur leur avenir, quelle que soit leur situation légale.
La crainte d’une diaspora africaine en exil
Mamadou Dramé, président de l’Association des Sénégalais d’Amérique, exprime les préoccupations profondes de la diaspora africaine aux États-Unis. « Nous sommes inquiets, très inquiets ! Les discours agressifs de Donald Trump sur l’immigration nous touchent profondément. Ces dernières années, nous avons vu un reflux migratoire, notamment en provenance d’Afrique de l’Ouest », confie-t-il. Cette situation d’angoisse n’épargne personne, qu’il s’agisse de migrants en situation régulière ou irrégulière. « Le climat général est oppressant, et cela affecte l’ensemble de la communauté. »
Ainsi, pour de nombreux Africains vivant aux États-Unis, un autre mandat de Trump serait synonyme de durcissement des politiques migratoires et d’une intensification des menaces d’expulsions. En revanche, une victoire de Kamala Harris offrirait, selon Mamadou Dramé, un certain espoir : « Si elle gagne, il y aura une continuité politique. Ceux qui sont engagés dans un processus d’immigration ou de demande d’asile pourraient avoir l’esprit tranquille pour continuer leurs démarches. » Une stabilité qui, selon lui, est cruciale pour la communauté migrante, notamment pour ceux qui cherchent à régulariser leur situation ou à obtenir des visas.
une élection décisive pour les immigrés africains
En somme, la question migratoire est au cœur des préoccupations des Africains immigrés aux États-Unis. Entre les discours radicaux de Donald Trump et les politiques restrictives des démocrates, la communauté immigrée se trouve dans une situation d’incertitude. Les élections de novembre s’annoncent cruciales, non seulement pour l’avenir de l’immigration aux États-Unis, mais aussi pour l’intégration des communautés africaines dans la société américaine. Si le climat reste hostile, les migrants africains espèrent que le choix des électeurs pourra offrir une voie plus clémente et plus juste pour leur avenir.