Alors que la date de l’élection présidentielle au Sénégal reste incertaine, le prochain président aura la lourde tâche de réunir un pays profondément divisé et fracturé. Cette division ne se résume pas seulement à un clivage entre partisans de Macky Sall et de Ousmane Sonko, mais repose principalement sur la personnalité clivante de ce dernier.
Dans le Sénégal polarisé autour de Ousmane Sonko, chaque camp a ses propres victimes autour desquelles il se rassemble. Pendant les événements récents, les anti-Sonko se sont indignés des morts causées par l’incendie d’un minibus au cocktail Molotov, tandis que les pro-Sonko ont dénoncé les violences policières et les manifestants tués. L’affaire de l’agression de Maimouna Ndour Faye, bien que pleine de zones d’ombre, a été interprétée différemment par les deux camps, les anti-Sonko y voyant un symbole de l’intolérance de PASTEF, tandis que les partisans de PROS ont cherché à la relativiser.
Même les médias ne sont pas épargnés par cette division. Le journalisme sénégalais est pris en étau par la guerre entre les détracteurs et les admirateurs de Sonko. Si certains journalistes affichent ouvertement leur opposition à Sonko, d’autres le soutiennent activement. L’affaire Maimouna Ndour Faye a illustré cette polarisation, certains journalistes désignant rapidement les partisans de Sonko comme les coupables, tandis que d’autres se sont montrés plus prudents.
Mais cette polarisation pose un problème plus profond : le complexe de l’opposition dans le journalisme sénégalais. Critiquer l’opposition, que ce soit Wade, Macky Sall ou Sonko, est souvent considéré comme suspect dans ce milieu. Il est temps de déconstruire cette mentalité et de promouvoir un journalisme véritablement objectif et critique.