Dans une décision historique, les régimes militaires au pouvoir au Burkina Faso, au Mali et au Niger ont officialisé la création de la Confédération des États du Sahel (CES), marquant ainsi leur rupture avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Cette annonce survient après leur départ annoncé en janvier dernier de la Cédéao, qu’ils accusent d’être sous l’influence de la France, ancienne puissance coloniale.
La nouvelle entité, forte de ses ambitions dans des secteurs allant de l’agriculture à la finance, prévoit même la mise en place d’une banque d’investissement tripartite, manquant seulement d’une monnaie commune pour achever sa souveraineté symbolique en abandonnant le franc CFA.
L’annonce de la CES, regroupant 72 millions d’habitants, est perçue comme un message fort à la Cédéao, souvent critiquée pour son alignement supposé sur les intérêts occidentaux. Le choix de sa création juste avant un sommet de la Cédéao au Nigeria semble délibéré, renforçant ainsi les tensions déjà existantes.
Réactions et Perspectives
La presse régionale réagit diversement à cette annonce. Le Challenger à Bamako salue la décision comme une affirmation de souveraineté face à une Cédéao jugée inefficace et sous l’influence étrangère. L’Alternance, plus nuancé, se demande si cette nouvelle confédération signifie la fin de la coopération avec la Cédéao, soulignant les similitudes dans les objectifs des deux organisations malgré leurs différences.
En réponse à cette rupture, la Cédéao s’est réunie à Abuja pour tenter de rétablir le dialogue avec les trois États sahéliens. Les présidents Faure Gnassingbé du Togo et Bassirou Diomaye Faye du Sénégal ont été chargés de cette mission délicate, visant à éviter le retrait définitif du Burkina Faso, du Mali et du Niger, considéré comme préjudiciable au panafricanisme.
Bassirou Diomaye Faye, président sénégalais, a appelé à une réflexion profonde au sein de la Cédéao, soulignant la nécessité de dépasser les stéréotypes et de mieux servir les populations. Il a critiqué les sanctions communautaires sévères, souvent perçues comme punitives plutôt que protectrices des intérêts des citoyens.
Cette nouvelle configuration dans le paysage géopolitique ouest-africain laisse entrevoir des défis importants et des opportunités pour redéfinir les relations entre les États sahéliens et leurs voisins au sein de la Cédéao.