Ce lundi, la Chine a déployé des avions et des navires de guerre pour encercler Taïwan dans le cadre d’exercices militaires, présentés comme un « sérieux avertissement » aux autorités de l’île, que Pékin considère comme « séparatistes ». Ces manœuvres ont suscité des inquiétudes à Washington, qui voit ces opérations comme une menace d’escalade.
La Chine revendique Taïwan comme faisant partie intégrante de son territoire et privilégie une solution pacifique pour sa réunification. Cependant, elle n’a jamais écarté l’option d’un recours à la force militaire.
Les États-Unis, qui ont rapidement réagi à la situation, ont condamné ces exercices comme « injustifiés ». Washington, bien qu’ayant reconnu Pékin comme le seul gouvernement chinois depuis 1979, demeure le principal allié de Taïwan et son fournisseur d’armements.
L’armée chinoise a qualifié ces manœuvres de « sérieux avertissements » face aux « actions séparatistes » de Taïwan. Le capitaine Li Xi, porte-parole du commandement oriental de l’armée, a précisé que ces opérations étaient nécessaires pour sauvegarder la souveraineté de l’État et l’unité nationale. La télévision d’État, CCTV, a rapporté que des chasseurs, des bombardiers et plusieurs navires de guerre ont été déployés autour de l’île.
Ces exercices surviennent peu après un discours du président taïwanais, Lai Ching-te, qui est régulièrement perçu par Pékin comme indépendantiste. Dans son message sur Facebook, Lai a assuré que son gouvernement continuerait à défendre la démocratie et la sécurité nationale de Taïwan.
Les manœuvres, nommées « Joint Sword-2024B », se déroulent dans des zones au nord, au sud et à l’est de Taïwan. Elles incluent des patrouilles de combat et le blocus de ports, et sont décrites par le capitaine Li comme légitimes et nécessaires.
En réponse à ces actions, le ministère taïwanais de la Défense a qualifié le comportement de Pékin d’ « irrationnel et provocateur », affirmant qu’il avait déployé des forces adéquates pour protéger la liberté et la démocratie de l’île. Les îles périphériques de Taïwan, comme Penghu, Kinmen et Matsu, sont en état d’alerte renforcée.
Dans un contexte de tensions croissantes, les garde-côtes taïwanais ont également annoncé l’arrestation d’un ressortissant chinois après une possible « intrusion » à Kinmen, une île proche de la ville chinoise de Xiamen.
Du côté taïwanais, des témoins ont rapporté avoir vu des avions de chasse décoller près de la base aérienne de Hsinchu. En revanche, les garde-côtes chinois ont affirmé mener des « inspections de maintien de l’ordre » dans les eaux entourant Taïwan.
Les relations entre Pékin et Taipei se sont considérablement détériorées depuis l’élection de Tsai Ing-wen en 2016 et, plus récemment, celle de Lai Ching-te en 2024. Ce dernier a récemment réaffirmé son engagement à « résister à l’annexion » chinoise, ce qui a été accueilli par une menace de « désastre » de la part de Pékin.
Les tensions entre les deux entités remontent à la guerre civile chinoise, qui a vu les nationalistes, dirigés par Tchang Kaï-chek, se réfugier à Taïwan après avoir été vaincus par les communistes en 1949.